| La solitude pour seule compagne
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| Et les nuages gris pour potos
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| La hargne, non, la haine plutôt
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| Pour cette chienne de vie qui l’a mis dans le caniveau
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| Avec pour stigmates des scions prononcés sur la peau
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| Des couleurs usées, les larmes reviennent
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| Les souvenirs s’enchaînent
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| Et il revoit son départ en bateau, les «au revoir «Les pleurs de la famille
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| Les projets d’travail et les promesses de revenir
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| Vouloir construire son avenir en pays inconnu
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| Un leurre au bout d’la canne, visible que lorsque c’est foutu
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| Au fond des yeux et du cœur, l’amour pour les siens
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| Obligé de partir pour qu’il y ait un lendemain
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| Les mains chargées, il quitte sa terre
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| Des sentiments partagés, sur les flots il espère
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| Le sucre et le miel du Paradis se trouvent-ils là-bas?
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| Il ne sait pas, il verra bien
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| En tous cas, le recul n’est plus possible
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| La capitale lui tend déjà les bras pour un coup d’surin
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| Les yeux éblouis par les images de la ville
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| Il voit déjà sa vie comme une étoile qui brille
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| Le déclin n’est pas de mise pour lui
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| On ne peut que réussir dans ce putain d’pays
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| Des mensonges digérés comme des vérités
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| Le temps, maintenant, lui a prouvé que tout n’est pas gagné
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| Le bonheur du départ, le malheur de l’arrivée
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| Des espoirs plein la tête, des coups d’bâton à récolter
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| Il s’est vu réussir mais y a rien
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| A part des callosités au creux des mains
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| «le mensonge n’est pas ailleurs mais ici «» leurs promesses tombent à l’eau "
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| Un coup d’tampon sur l'épaule, bon pour le travail
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| Prends ton casque et ton bleu et retrouve la file d’attente
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| Tu sais lire? |
| Non, c’est pas grave
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| Pas besoin d’savoir pour marcher sur les charpentes
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| L’accueil glacial le ramène sur le sol
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| L'étoile s’est transformée en astre mort, bienvenue en métropole
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| Personne ne rigole
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| Des visages tirés se scrutent de haut en bas sans parler
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| L’avenir dégringole et marque les désillusions
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| Où s’trouve le bonheur promis, loin d’ce béton
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| Le ruisseau charrie ses rêves, ses espoirs
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| La France n’est pas le beau pays qu’il croyait, il l’a appris trop tard
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| Lui tout ce qu’il voyait
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| C'était qu’une invitation quelle qu’elle soit est bonne à croire
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| La raison, il la connaît, est toute autre
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| La main-d'œuvre est bon marché, elle est payée au lance-pierres
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| Tu fautes? |
| T’es viré, débrouille-toi
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| Afin de verser de l’argent au bled pour tes frères
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| Maintenant il donnerait tout pour revenir en arrière
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| Une minute suffirait pour changer d’chemin
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| Peut-être serait-il devenu un père exemplaire
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| Avec une famille, des enfants pour diamants dans un écrin
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| Une famille, des enfants pour diamants dans un écrin
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| Des gouttes de pluie le tirent de sa torpeur
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| Priorité pour l’heure, trouver un endroit pour dormir
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| La rage, il n’en a plus, trop vieux pour ça
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| Laminé par le temps, il se laisse pourrir sur le tas
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| Voilà c’qu’il récolte d’une vie d’labeur
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| Arrivé ici non pour vivre, mais servir les beaux-parleurs
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| Plus d'énergie pour être dégoûté
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| Leurs mensonges ont tué son espoir à tout jamais |