| A bout de bras vous avez déterré les braises et
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| Au creux de vos mains, traversé de longs sillages
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| Les semences du feu ont accouché l’antithèse
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| De 130 obscures années d’esclavage
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| Du haut des massifs jusqu’aux plaines pillées
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| Des cités suppliciées aux villages craquelés
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| Voilà l’histoire prise au cou par vos visages couleur d’ambre
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| Quand enfin retentit ce premier matin de novembre
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| Vous avez arpenté la bouche ouverte d’une guerre
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| Comme les fils de la terre et du fer
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| Vous n’y avez pas seulement jeté la mitraille et l’acier
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| Mais chaque pulsation de vos cœurs écartelés
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| Des grenades dans le ventre sous des jours couleurs de boue
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| Vous avanciez, étreignant le maquis pour expulser le crime
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| Vous avanciez, agrippés à chaque arbre des racines à la cime
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| Sur vos têtes grondait un ciel de napalm, de parachutes et d’obus
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| Votre sang en crue hurlait, vos entrailles ouvertes brûlaient
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| Dans ce trop plein d'électrodes et de chiens
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| L’Algérie c'était vous quand l’Afrique répond aux coups
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| Quand le «fellah» se voit debout
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| Quand furieux, inaltérables et tendres
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| Vos rêves inondaient ce premier matin de novembre
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| Plus d’un million d'âmes laminées par les flammes
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| Subjuguent le silence et parlent d’une seule voix
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| N’oubliez pas ces morts sans sépulture, sans gerbe ni dorure
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| Ces morts aux yeux ouverts dans les chambres de torture
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| Faut-il que leur gloire soit insultée
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| Faut-il qu’elle soit dilapidée par de mauvais bergers
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| Qui ont accordé leur violon au diapason du colon
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| Et partagent avec lui la même peur au ventre
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| Que partout, refleurissent des premiers matins de novembre |