| «Savez-vous que c’est la première fois
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| Que nous nous séparons depuis que c’est arrivé?
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| Remarquez que ça ne fait que quinze jours !
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| Evidemment quinze jours ce n’est pas très long…
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| Mais songez tout de même à ce que ça fait d’heures !»
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| Puisque vous partez en voyage
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| Puisque nous nous quittons ce soir
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| Mon coeur fait son apprentissage
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| Je veux sourire avec courage
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| Voyez j’ai posé vos bagages,
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| Marche avant, côté du couloir
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| Et pour les grands signaux d’usage
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| J’ai préparé mon grand mouchoir
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| Dans un instant le train démarre
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| Je resterai seul sur le quai
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| Et je vous verrai de la gare
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| Me dire adieu là-bas avec votre bouquet
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| Promettez-moi d'être bien sage
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| De penser à moi tous les jours
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| Et revenez dans notre cage
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| Où je guette votre retour.
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| Voilà, je vous ai trouvé une bonne place dans un compartiment
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| Où il y a une grosse dame et un vieux curé avec une barbe blanche.
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| Et puis je vous ai acheté deux livres… Le premier, c’est la vie des saintes…
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| Et l’autre, c’est l’exemple de bienheureuse Ernestine… Cela vous plaît?
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| Puisque vous partez en voyage
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| Vous m’avez promis ma chérie
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| De m'écrire quatorze pages
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| Tous les matins ou davantage
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| Pour que je voie votre visage
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| Baissez la vitre je vous prie
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| C’est affreux je perds tout courage
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| Soudain je déteste Paris
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| Le contrôleur crie: «En voiture»
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| Le cochon il sait pourtant bien
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| Que je dois rester, mais je jure
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| Que s’il le crie encore une fois, moi je viens
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| J’ai mon amour pour seul bagage
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| Et tout le reste je m’en fous
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| Puisque vous partez en voyage
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| Ma chérie… je pars avec vous |