Je suis le poumon des peuples
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(je suis le poumon des peuples)
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Je veux dévorer l’air et cracher l’orage
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(cracher l’orage)
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Je suis le poumon des peuples
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(je suis le poumon des peuples)
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L’acier de mon fusil ne rouillera pas en cage
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Je suis le poumon des peuples
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J’ai l'âge de tous les esclavages
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L'âge du claquement du fouet des fers cousus au visage
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Des traites infâmes, des ghettos de l'âme que se partage
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La race des vautours
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Pour sertir d’or et d’argent son plumage
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J’ai tout construit, tout produit, tout porté, tout forgé
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Je sais tout du labeur, de l’effort, de la sueur
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De la paille et des guenilles pour habiller mon cœur
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J’ai tant donné, tant saigné pour que poussent des fleurs
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On m’a tant pris, tant menti pour l’air pur de mes asphyxieurs
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Mes rides sont ces meurtrissures laissées par des siècles
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De fortune bâties sur mes obsèques
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Par des siècles de démence arrosée d’eau bénite
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D’absinthe maudite, de mon sang qui gicle, brûlant comme l’acide
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Je suis le poumon des peuples
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Ecoutez ces convulsions fiévreuses
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C’est mon pouls qui s'ébroue parmi les cloisons dévoreuses
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C’est mon souffle qui se braque dans les crissements opaques de l’usine
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Ou sous l’estrade des profondeurs brûlantes de la mine
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Inutile de me rejoindre si vos ventres ne cessent de geindre
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Trop d’larmes s’enlisent l’une dans l’autre
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Se figent dans le plomb, dans le silence se vautrent
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Les sanglots longs… sied aux apôtres
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Pas à ma soif de briser les chaînes et les croix, moi
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Moi je veux des armes, lourdes comme l’espoir
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Terribles comme ces soirs, dure joie main de ma gloire
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Où enfin le feu enfile les peuples, les forêts et les villes
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De milliers d’ombres en furie parties ensevelir la nuit
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Les vieux monstres vomis des entrailles repues de bourgeois
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Je suis…
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Je suis le poumon des peuples et je vous l’annonce en guise de semonce
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Ce monde d’abattoir bientôt poirera dans les ronces
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Trop faim de terre et d’azur, de miel pour mon futur
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Je vous l’annonce en guise de semonce
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D’autres voix de fer arrachées aux muselières
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D’autres gardes éclairs, baignés de lumière
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Enfourcheront ma colère, mes artères, mon souffle
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Jusqu'à c’que le dernier des loups étouffe
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Mon histoire n’est pas finie, mon histoire est l’Histoire
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Et l’humanité libérée mon rêve le plus enfoui
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Le plus lynché, le plus chargé de charniers
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De ruisseaux de sang pissant par les pores
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De ce monde marchand où l’on sacre ma mort
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Je suis le poumon des peuples et je vous l’annonce en guise de semonce
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Ce nouveau siècle m’appartient et battra dans mes mains
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Comme un cœur arraché de la poitrine
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De ceux qui boivent le nectar dans le crâne des victimes |