Ouais, tu nous as pris des frères, tu nous as pris des roeus
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Ouais, ce putain d’mal au cœur et j’ai des larmes dans les yeuz
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J’ai vu des médecins courageux, des infirmières de guerre
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J’ai vu des malades rien lâcher comme les meilleurs des supporters
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J’ai vu un peuple uni, j’ai vu des milliers d’soutiens, je pleure mon président
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parti, un grand homme, je me souviens
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Je crie «restons chez nous» à m’en faire mal au bide, je crois qu’on peut y
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arriver comme une finale de Champions League
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J’suis ce pompier qui enchaîne 24 heures de garde, obligé d’affronter la
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maladie malgré la peur de perdre
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Loin d’ma famille, pendant des heures, quand j’suis au charbon, j’pense à ma
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femme et à mes gosses quand j’suis dans l’camion
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J'écume la ville, y a trop d’malades, on manque de moyens
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Certains d’mes collègues n’ont même pas leurs vingt piges, d’autres sont des
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an-iens-c
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J’croise un infirmier, il m’dit qu’c’est la sère-mi, j’croise un ambulancier,
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il m’dit qu’c’est la sère-mi
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J’croise une commerçante, elle m’dit qu’elle va devoir fermer, j’croise un
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p’tit vieux, j’crois qu’il en a marre d'être enfermé
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J’risque ma vie dans les flammes ou d’vant ce virus si, à chaque fois
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qu’j’entends la sirène, c’est p’t-être ma dernière virée
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Allô? |
Allô? |
Est-ce que tu m’reçois? |
C’est moi qui m’bats, tous les jours,
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pour toi
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Allô? |
Allô? |
Est-ce que tu m’reçois? |
C’est moi qui m’bats, tous les jours,
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pour toi
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T’inquiète, j’mets la tenue, j’mets les gants, j’commence toutes mes journées
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comme ça (comme toi)
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J’fais l’tour de ma ville, j’vois plus les gens comme si elle était dans le
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coma (coma)
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J’fais ma tournée, j’fais que rouler, j’dois nettoyer ma ville, j’me sens solo,
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j’suis pas aidé, j’vais en parler à qui?
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J’ai un foyer, j’ai un loyer, j’vais travailler, j’m’active, fuck ce virus,
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j’ai pas choisi de d’voir risquer ma vie (ma vie)
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J’sais qu’j’dois le faire, j’ai très peur de perdre mes enfants et ma famille,
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j’prie mon Dieu qu’il les préserve
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J’me sens concerné comme tous ceux qui enchaînent, ouais, si tu m’entends,
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c’est p’t-être la dernière
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Écriture boulimique, j’vomis Marseille dans mes articles, le soir,
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les yeux plus gros qu’le ventre, je me nourris que de c’que j’vois
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J’suis ce journaliste, pas c’polémiste qui vend la peur, j’suis du côté des
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humains qu’ont un cerveau et un cœur
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Voir les gens se dénoncer ravive des souvenirs, j’me concentre sur ceux qui
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narguent la vie avec un beau sourire
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Ceux que l'État délaisse, à qui on déleste les rêves, pour ça qu’on le déteste,
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chez nous, les supporters aident les SDF
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À vingt heures, on entend les p’tits taper sur des casseroles vides pour
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honorer ceux qui côtoient la mort pour sauver des vies
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Des proches dans les cieux, sans dire «au revoir», j’ai pas d’timing,
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lueur blanche et bleue dans les yeux comme Black Lightning
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Allô? |
Allô? |
Est-ce que tu m’reçois? |
Ici-bas, je me bats pour toi
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Allô? |
Allô? |
Est-ce que tu m’reçois? |
Ici-bas, je me bats pour toi
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J’suis ce surveillant, ce maton qui bosse à Luynes, aux Baumettes
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Y a ma famille qui m’attend, j’suis papa, j’peux pas tout me permettre
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Je suis surveillant de prison, mon fils, il faut qu’tu m’excuses
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Si j’repousse ton câlin, c’est qu’j’ai peur de t’donner le virus
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Donc (donc), tu sais, j’vois la télé' (j'vois la télé)
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Pour dire la vérité, ça m’fait peur (ça m’fait peur)
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J’suis au premier rang, j’suis dans la mêlée (dans la mêlée)
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On parle jamais de moi, ça m'écœure
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Des fois, j’suis fatigué, au bord des nerfs quand j’sors du taff
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Un sourire en visio à la mama et j’prends des nouvelles
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J’attire l’regard dans la rue, en tenue, tu captes
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J’taffe à l’hosto, exposé à cette guigne qui nous surveille
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La réalité, ouais, c’est pas joli, pas joli
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Juste un p’tit peu d’espoir dans nos vies, dans nos vies
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Ganté, masqué, nouvelle panoplie, panoplie
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On s’dit des «je t’aime» à distance pour éviter d’foutre la merde, ouais
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Allô? |
Allô? |
Est-ce que tu m’entends? |
C’est moi qui m’bats, tous les jours,
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pour toi
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C’est pas faux, c’est pas faux, y a une solution à tout, accroche-toi à la vie
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pour l’voir
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Menacé de mort par le virus, il nous a braqué, le doigt sur la détente
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On taffe la boule au ventre et un flingue sur les deux tempes
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Malgré que la situation devient inquiétante, embêtante, on s’donne du baume au
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cœur à vingt heures pétante
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Partagé entre la joie d’sauver la vie des autres et la peur d’contaminer les
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miens, c’est le désordre
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Infirmier négligé, on combat l’coronavirus, toujours en première ligne comme ce
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corps qui dort dans l’abribus
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Allô? |
Allô? |
Est-ce que tu les reçois? |
C’est eux qui s’battent,
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tous les jours, pour toi
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Allô? |
Allô? |
Est-ce que tu les reçois? |
C’est eux qui s’battent,
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tous les jours, pour toi |