Enfin nous accostons après un dur voyage
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Un vieux donjon branlant se dresse sur la rive
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Le théâtre sans doute de très anciens carnages
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Et l’un d’entre-nous dit «Restons sur le qui-vive !»
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La lourde porte en fer qui protège la tour
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Ne nous résiste pas, s’ouvrant sur la pénombre
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Nous entrons lentement, attentifs, tour à tour
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Pressentant les dangers qui nous guettent dans l’ombre
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Attention, mes amis, aux petits gobelins
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Sournoisement cachés à côté de la porte
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Je les prends à revers ! |
Ils sont trois: un chacun !
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Seraient-ce les éclaireurs d’une légion plus forte?
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Il faudra, j’en ai peur, qu’on prenne ce couloir
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N’oubliez pas, avant, de faire leurs poches aux morts
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C’est une sale besogne digne des charognards
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Mais c’est ainsi qu’on trouve des armes et de l’or
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Nous ne sommes que trois, la rapière à la main
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Fille d’Elfe et guerrière, Adhar’ahna la Blonde
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Gaëlan, demi-orque aux trois-quarts magicien
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Et moi, l’aventurière qui doit sauver le Monde
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D’autres portes encore; |
laquelle faut-il choisir?
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Nous les ouvrirons toutes, il faut rendre visite
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Au Seigneur de ces lieux, l’infâme Karazir
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Chanoine dévoyé d’une église maudite
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Et s’il y avait un piège? |
Regardons bien partout !
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Tenez ! |
Voyez ici ces lames acérées
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Si nous les déclenchions, plus de tête sur nos cous
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Par chance Adhar’ahna sait les désamorcer !
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C’est ici ! |
À l’attaque ! |
Prenez garde aux vampires !
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Ils défendent le mage qui va lancer un sort !
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Mais trop tard, je te tiens, à nous deux, triste Sire
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Je vais te faire payer ton manque de remords !
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En prenant son trésor, gagnons notre aventure
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Et puis sortons d’ici, allons revoir le ciel
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Reposons-nous un peu, guérissons nos blessures
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Et rentrons à la ville annoncer la nouvelle
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En notre absence, hélas ! |
Le mal a empiré
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Et la ville est tombée aux mains des adversaires
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Une armée mort-vivante nous attend dès l’entrée
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Aux ordres maléfiques d’un dragon sanguinaire
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Nous sommes encerclés ! |
Une seule tactique:
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On fonce dans le tas ! |
Pas de quartier ! |
Haro !
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Découpons en lanières ces zombis fanatiques
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Et qu’ils sachent pourquoi nous sommes des héros !
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Ils sont bien trop nombreux, le désastre est total
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L’Elfe blonde est frappée d’un sort qui la rend folle
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Et Gaëlan gémit «Fichons l’camp, ça s’passe mal !»
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Une hache dans le dos lui coupe la parole !
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Pas le temps, mon ami, pour faire tes funérailles
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Je suis seule désormais et le dragon s’avance
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Quand une voix en colère interrompt la bataille
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Et tous les combattants se figent en silence
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«Vous êtes encore à jouer sur cet ordinateur?
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Vous n’avez pas d’boulot? |
Vous vous fichez du monde?
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Si je vous y reprends, vous irez voir ailleurs»
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Me dit la D.R.H. |
d’une voix furibonde
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À moi l’aventurière qui doit sauver le Monde ! |