À l’ouest, au pays de l’empire céleste, dans le ciel, un drapeau rouge s'élève
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On parle le turc et se passe le selem en Chine populaire au 21e siècle
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Dans la vieille ville, y a le bruit qui court, qu’on déporte tout c’qui
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ressemble aux Ouighours
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Sara a 12 ans, joue dans la cour avec un drone déguisé en hibou
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Ils ont mis ma maison sous scellés, hérissé les murs d’barbelés
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Cloué une plaque «non-civilisé"et m’ont laissé les yeux embués
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Une semaine avant, on l’savait, un SUV vert nous suivait
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Ils ont laissé mon père pour décédé et ma mère, ils l’ont stérilisée
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Un million de Ouighours mis à huit clos pour des images religieuses dans leurs
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Wiko
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T’es suspecté si tu t’mets à parler turc, barbes et foulards sont interdits
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dans les bus
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Un haut-parleur diffuse une voix métallique, dans les rues d’la ville,
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on entend Xi Jinping
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Qui nous exhorte à rejoindre le parti et lutter activement contre le terrorisme
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La vérité, c’est qu’on est assis sur des ressources pétrolières
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Enfermés dans les camps, on est d’la main d'œuvre sans salaire
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On travaille pour les multinationales, marchandise pour le marché illégal
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Il paraîtrait même que nos organes sont vendus aux malades des pays arabes
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Alors, j’ai envoyé mon appel à l’aide dans une vidéo tuto
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Adolescente et lanceuse d’alerte, j’ai pas d’autre choix que d’le faire sur Tik
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Tok
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Tout ça, c'était sans compter la cybersurveillance au pays de Mao
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Et deux heures après que je poste, la police était déjà derrière ma porte
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Coup d’matraque à pointes dans le cou, ces gourdins qu’on appelle aussi «dents de loup»
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L’un d’entre eux me demande de me mettre à poil et m’asperge le corps de son
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gaz au poivre
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Direction les camps d’internement où quarante codétenus t’attendent dans ta
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chambre
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Les yeux bandés au fond d’un wagon, direction les camps de rééducation
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Scanner des iris, assise sur la chaise du tigre, seringue dans la cuisse,
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on assiste à un génocide
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Et le traitement rend docile et supprime les règles des filles
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Ils nous ont dit que c’est ici qu’on passera la fête de l’Aïd
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De l’Aïd, de l’Aïd, de l’Aïd, de l’Aïd, de l’Aïd
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Dans une pièce, ils me rasent la tête et vendront mes cheveux à l’export
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M’obligent à renier Dieu et son prophète et me forceront même à manger du porc
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Ils iront même jusqu'à tuer nos morts en rasant les cimetières de nos ancêtres
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En y construisant des parcs pour les mômes et pour être bien sûr qu’on oublie
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les nôtres
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Sur mon honneur, s’en fut trop quand ces matons voulurent gagner plus de terrain
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En m’enfonçant un stérilet et ce contre mon gré intra-utérin
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La tâche, j’vais pas leur faciliter, ils prendront jamais ma fertilité
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J’profite d’un moment d’inattention et frappe le chef de leur unité
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Shoot dans le plateau en inox, frappe la tête du gardien avant qu’il riposte
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Sors dans le couloir et cours de toutes mes forces, crache sur leurs uniforme
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de bons patriotes
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J’entends les cris des suppliciés derrière leurs barreaux, j’voudrais pouvoir
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les scier
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J’accélère car je voudrais pouvoir les semer, mais leurs blouses médicales
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viennent pour me lester
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J’ai encore la perfusion dans les bras, pleine d’un produit qui nous embrouille
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le crâne
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J’décale sur le côté, évite un garde, mais mon cathéter se prend dans l’un de
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ses grades
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Je sais qu’c’est ma dernière cavale, contre mon peuple, ils ont mené leur cabale
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Les forces de Pékin nous écrasent comme des cafards, il n’y a de Dieu qu’Allah
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ma dernière kalam
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Sara fut torturée, son corps électrocuté
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Et son peuple déporté par centaine de milliers
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Enfant du Destin (Enfant du Destin, Enfant du Destin)
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Enfant de la guerre (Enfant de la guerre, Enfant de la guerre)
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Ouighours (Ouighours), Kazakhs (Kazakhs)
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Tatars (Tatars), Kirghizes (Kirghizes)
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Enfant du Destin (Enfant du Destin, Enfant du Destin)
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Enfant de la guerre (Enfant de la guerre, Enfant de la guerre) |