Gare du nord il fait froid
|
Et y’a des types pas nets
|
Y’a des touristes, des poussettes
|
Des mégots de cigarette
|
Et puis les unes des journaux
|
Xxx est sur Les kiosques
|
Elle me parle de voyage
|
J’entends les roulements des panneaux d’affichage
|
Elle me dit «Viens»
|
Viens sur le quai avec moi
|
Elle me dit viens embrasse moi
|
Ne sois pas comme ça
|
On aura tout le temps
|
Tout le temps
|
Tout le temps
|
Une autre fois
|
Le train est parti
|
J’ai pas envie de rentrer
|
J’traine dans les rues
|
La neige a recouvert la chaussée
|
Y’a pas un chat
|
Les gens restent chez eux
|
Quand il fait froid
|
J’pousse la porte d’un bar
|
Sans vraiment le vouloir
|
Oh les visages
|
Les visages pales
|
Les visages blafards et creusés des habitués
|
J’me joins à eux
|
Je bois pour deux
|
Je bois tellement que je finis par terre
|
Sur le plancher détrempé
|
D’alcool bon marché
|
J’y reste un bon moment
|
Puis j’essaye de me relever
|
Mais impossible de bouger
|
J’me sens tout rigide
|
J’essaye de tourner la tête
|
Mais mon corps reste inflexible
|
Puis y’a ce type qui s’amène
|
Et qui s’assoit
|
Sur moi
|
Pourtant mon corps ne plie pas
|
Alors je suis bien obligé d’admettre
|
Que je suis devenu
|
Une chaise
|
C’est comme ça que mon calvaire a débuté
|
Des arrières train j’en vois défiler
|
À longueur de journée
|
Des rebondis
|
Comme des plats
|
Tout le monde s’assoit sur moi
|
J’suis pris dans les bagarres
|
On m’fait voltiger à travers le bar
|
Et quand la journée touche à sa fin
|
Et qu’il faut nettoyer le sol
|
Je me retrouve la tête à l’envers sur le comptoir
|
Les quatre pattes en l’air
|
Ça m’fait faire des cauchemars
|
Ça m’fait faire des cauchemars
|
Un an passe peut être deux
|
J’me suis fais une raison
|
Puis un jour y’a une fille qui pousse la porte
|
Elle me regarde je me dis
|
M’a t’elle reconnu?
|
Et alors elle s’assoit sur moi
|
Tout en douceur
|
Et là je sens son parfum
|
Et le tissu léger
|
De sa robe d'été
|
Et sa voix qui résonne
|
À travers le dossier
|
Et mes pieds qui tremblent
|
Sur le parquet
|
Et les craquements du bois
|
Regarde c’que tu as fais de moi
|
J’ai crié «Regarde c’que tu as fais de moi»
|
Et dans un fracas
|
Je redeviens moi même
|
On se retrouve à terre
|
Je lui dis comme je l’aime
|
Elle pose sa main sur ma joue
|
Elle m’dit ça valait pas le coup
|
De t’mettre dans cet état
|
T’aurais dû venir sur le quai avec moi
|
Allez viens embrasse moi
|
Ne sois pas comme ça
|
On aura tout le temps
|
Tout le temps
|
Tout le temps
|
Une autre fois
|
Oh viens
|
Viens sur le quai avec moi
|
Allez viens embrasse moi
|
Ne sois pas comme ça
|
On aura tout le temps
|
Tout le temps
|
Tout le temps
|
Une autre fois |